may the force be with you (feliks)

(1.) cinéphile, il n'est pas rare de l'entendre échapper une réplique culte pour ponctuer ses propos lorsqu'il se sent d'humeur inspiré. tombé amoureux d'à peu près toutes les héroïnes de films de science-fiction dont l'portrait se découpait sur son écran de télévision, charrié par son aîné qui se demandait quel genre de nana il ramènerait plus tard à la maison. (2.) les voyages, il y a pris goût depuis le premier vol l'ayant amené à découvrir les racines maternelles, le pied posé sur les terres russes, les paysages et les bâtisses, la langue qu'il apprivoisait tintant à ses oreilles. ça ne l'a jamais quitté, cette envie de découvrir toujours plus, de vagabonder à droite et à gauche, mais il ne se prend pas en main feliks, malgré ces rêves plein la tête. c'est moins effrayant de rester le cul vissé sur sa chaise, l'oeil rivé sur l'écran. (3.) un chat de gouttière, sonny, qui traîne dans ses pattes, s'éloigne des jours durant pour mieux revenir, berçant la coloc' de ses ronronnements intempestifs. sans doute un caractère merdique, dans le fond, à balancer des coups de pattes dans les tibias et à bouffer les chaussures. mais il s'y est attaché, même s'il râle, il serait bien emmerdée dans le fond, s'il venait un jour à réellement partir. (4.) il a pas une grande famille, aucun cousin ni cousine. ils ne sont que deux dans la fratrie, plus que deux, en fait. y'avait le troisième, avant, avant que tout parte en vrille brutalement, y'a près de quinze ans. misha qu'il s'appelait, cette grande perche qui avait des airs d'invincible dans l'oeil de son cadet, lui que tout le monde appréciait, le favori des parents. y'a fallu seulement cinq minutes pour rayer dix-huit années d'existence. le temps de descendre une dernière piste à mammoth, de chuter une dernière fois en snowboard, de ne jamais s'en relever. (5.) alors y'a cette douleur sourde qui ne le quitte jamais, feliks. l'genre qui ne s'estompe jamais si bien que quand il plonge tête la première dans les bouquins et les univers graphiques qui se découpent devant ses yeux, dans la pénombre de sa chambre. l'genre qui lui colle aux tripes une nausée tenace depuis ses dix ans. qui l'isole et le ferme aux autres, à ceux qui approcheraient de trop près. (6.) heureusement qu'il y a les quatre autres, ceux auxquels il s'est lié quand il était encore tout môme. les quatre mousquetaires qui en ont accepté un cinquième dans leur rang, qui le bousculent un peu quand il passe trop de temps enfermé dans sa piaule et qu'il se fait oublier. cette amitié, cette colocation, c'est sûrement salvateur pour le hyde. ces électrochocs sur patte qui le secouent quand il en a besoin, qui le traînent dans leur sillage même s'il râle, qui le sortent, corrigent ses fautes de style les plus dégueulasses, lui collent un sourire pas possible aux lèvres et lui arrachent des fous-rires à n'en plus finir. sans eux, il n'pourrait pas feliks, même s'il n'est pas démonstratif et que les mots ne sortent jamais si bien qu'après le verre de trop. (7.) les yeux cernés en permanence par les nuits blanches qui défilent, il est rare de le voir sortir sans une paire de lunettes de soleil collée sur le nez. histoire d'éviter d'avoir l'air d'un zombie sur pattes, sur conseil de kleio, habitude prise et qui ne le quitte plus. (8.) s'il aime les jeux vidéos, l'garçon a un sacré talent en ce qui concerne l'informatique en général, ce langage codé qu'il a appris à maîtriser en autodidacte, domaine dans lequel il lui est arrivé de sortir du cadre légal. c'était surtout au lycée que l'on se payait ses services, quand il s'agissait de pirater des pages personnelles, de tirer des informations à l'insu des concernés. as dans le domaine, détective miniature, il garde cette activité de côté, bien plus précautionneux qu'il ne l'était à l'époque, de peur de se faire pincer. (9.) il a toujours aimé les mathématiques, les sciences physiques, les matières qui le captivaient le plus à l'école. c'est en toute logique qu'il a continué dans cette voie, se spécialisant en astrophysique à l'université. la tête dans les étoiles, désormais littéralement. (10.) s'il aimait bien l'école pour ce qu'il y apprenait, l'ambiance en revanche ne lui a jamais convenu. cible facile qui ne rétorquait jamais qu'avec ses mots, il a passé de sales quart d'heures au lycée. kenny s'interposait, souvent, et les filles ramassaient les pots cassés. (11.) le sport, il n'aime pas trop ça. et quand il n'aime pas, il n'est pas du genre à se forcer. alors, hormis son vélo sur lequel il n'a jamais perdu l'habitude de se déplacer, il ne bouge pas beaucoup son corps, et sûrement que ça se voit d'ailleurs. par chance, son métabolisme veut que son poids ne varie pas selon ce qu'il mange. et l'on ne peut pas dire qu'il mange sainement, alors c'est pas plus mal. (12.) si la famille est aisée, le père revient de loin. écrivain, il fallut dix années de déceptions à répétition avant que la critique ne salue un cinquième ouvrage. l'époque semble lointaine alors qu'hyde rime désormais avec best-sellers, mais le paternel n'oublie rien de ces années de galère. raison pour laquelle il a toujours pousssé ses enfants à se dépasser, à trouver leur indépendance. (13.) il n'est pas doué avec la gent féminine, c'est un fait, malgré tous les efforts de kenny pour lui enseigner l'art de la séduction. y'a toujours un truc qui cloche, cet air crispé qui rend les répliques de son ami tout de suite moins enjôleuses dans sa bouche à lui. rien n'y fait, et pourtant, il y met du coeur, à reproduire les techniques que lui donne son meilleur ami. mais le stress lui donne l'air autoritaire, et l'on fuit devant ses airs de sociopathe. il a bien eu quelques copines, une surtout qui lui reste en mémoire, la blessure étant encore trop fraîche, à peine quelques mois. il l'aimait bien pourtant, beaucoup même, mais il n'a pas su le montrer, ni le dire, comme toujours. alors elle s'est détournée, mais c'pas grave, c'est jamais grave d'après lui.