(1f) famille hyde

si la famille est aisée, le père revient de loin. écrivain, il fallut dix années de déceptions à répétition avant que la critique ne salue un cinquième ouvrage. l'époque semble lointaine alors qu'hyde rime désormais avec best-sellers, mais le paternel n'oublie rien de ces années de galère. raison pour laquelle il a toujours pousssé ses enfants à se dépasser, à trouver leur indépendance. la mère détient un cabinet d'architecture, hérité de son père avant elle. les origines sont américaines par la branche paternelle, russes par la grand mère maternelle, résonnant dans les prénoms des enfants. ils n'ont pas une grande famille, aucun cousin ni cousine. ils ne sont que deux dans la fratrie, plus que deux, en fait. y'avait le troisième, avant, avant que tout parte en vrille brutalement, y'a près de quinze ans. misha qu'il s'appelait, cette grande perche qui avait des airs d'invincible dans l'oeil de ses cadets, lui que tout le monde appréciait, le favori des parents. y'a fallu seulement cinq minutes pour rayer dix-huit années d'existence. le temps de descendre une dernière piste à mammoth, de chuter une dernière fois en snowboard, de ne jamais s'en relever. un grand vide et les lèvres scellées dans la famille qui n'osent plus prononcer son prénom, même des années après, de peur de voir la mère s'effondrer, le père hausser le ton. c'est une douleur sourde qui pèse dans la poitrine de galya et feliks qui osent à peine l'évoquer entre eux. comme un secret destiné à ne jamais être prononcé à haute voix, qui fait un peu plus mal encore à mesure que les silences se multiplient.