( hard liquor mixed with a bit of intellect )

Merri et Ava. Ava et Merri. Cours de piano, abrutissant solfège, – coup de foudre. Les deux petites filles sont comme faites l'une pour l'autre. Merri est le jour comme Ava est la nuit. Pourtant, elles se lieront d'amitié, deviendront inséparables en l'espace de quelques rencontres, aussi cliché cela puisse-t-il paraître. Malgré leurs différences certaines, elles restaient toutes les deux portées par une même passion – la musique, plus précisément le chant. Au début, ce n'était que pour rire. Quelques bribes de chansons écrites à deux heures du matin, ensemble, pour des spectacles de fin d'année vite oubliés. Mais c'est qu'elles sont douées, les gamines. Si bien qu'un jour, on leur donne leur chance. Un certain Mr Vaughn les a approchées, en fin de soirée. Un producteur de musique, époustouflé, qu'il avait dit Elles venaient d'avoir dix-sept ans. Une carte de visite est laissée dans la main de Merri, mais c'est Ava qui rappelle. S'en suit la naissance d'un duo, 2 a.m – rapport à ces nuits passées à fredonner des mélodies de leur propre invention et à leurs deux prénoms. Révélation de l'année, album en tête des classements. C'est le début de la gloire. Et de la fin, accessoirement. / Si Merri garde la tête froide, Ava se perd peu-à-peu dans les méandres de la célébrité. C'est que contrairement à la première, née dans de beaux draps, la seconde noue avec un train-de-vie à des années-lumières de ce qu'elle connaissait jusque là. L'une se complait dans cet univers de strass et paillettes, pendant que l'autre regrette lentement ce choix de carrière. Mais ça, Ava ne le voit pas. / Elles étaient en vacances au Costa Rica. Célébration, au nom de l'album et du succès engrangé. Ce soir-là, Merri prétexte une migraine, demande à rentrer. Ava ne la retient pas, trop occupée à profiter des mondanités. Erreur. Quelques heures plus tard, porte close. On tambourine, on hurle. Pas une réponse. Il faudra attendre les secours, pour découvrir Merri, le regard vide, immobile. / Certains parlent de suicide. D'autres, d'un malheureux accident. Les résultats de l'autopsie stipulent, eux, une prise trop grande de médicaments, couplée à de l'alcool. Ava reste dans le doute, le flou. Une seule chose lui est évidente – ces cachets, ils étaient à elle. / Depuis, Ava ne peut plus se regarder dans un miroir. Elle se maudit, tout simplement. Si Merri n'est plus de ce monde aujourd'hui, c'est à cause d'elle. Elle et ses caprices, ces conneries de starlette. Elle l'avait traitée de poule mouillée, à un refuser un shot de tequila, laissée partir, sans une once d'hésitation. Et maintenant, tout ce qu'il reste à Ava, est cette colère. Contre le monde entier et puis surtout contre elle. / Sam ne lui a pas laissé le choix. Entre le photographe agressé, les preuves de ses soirées dépravées – la réputation d'Ava est en chute libre. La sienne aussi, au passage. Alors, il n'y a qu'une solution. Un repli, un retour aux sources. Du repos, obligatoirement. Pour éviter un écart de plus. Newport Beach retrouve sa petite prodige. Seule. Et Ava, elle a mal. Parce que chaque coin de rue lui rappelle Merri, leurs jeunes années. Ce temps, où tout était encore si beau, où rien n'était encore gâché. / Puis il y a encore les autres, les proches de Merri. Ils veulent des réponses, qu'Ava n'a pas. Elle les évite, n'ose pas les voir, consciente que sa seule présence est un affront. Du moins, selon elle. / Et puis, il y a lui, aussi. Le frère, double de Merri. Celui qu'elle a laissé derrière, en rejoignant pour la cité des Anges. Retrouvé le temps d'une soirée, pour fêter la nouvelle année. Un baiser, de quoi raviver des bribes de sentiments enfouis, oubliés. Mais depuis l'accident, pas un mot. Ava a beau être rentrée, elle se refuse à lui faire face, si ce n'est à lui parler. Encore la faute à ces foutus remords, sûrement. / Si Ava n'erre pas dehors, pour causes d'insomnie, elle reste à la maison. Guerre froide 2.0, entre une mère désolée, un frère tentant de se montrer compréhensif et une petite soeur lui en voulant encore terriblement d'être partie. Le père, lui, ne fait plus parti depuis longtemps de l'équation.