regarder les filles pleurer ça me rend gai.

Sous le jaune criard des lampadaires, ta face s'illumine et j'y vois plus clair - t'es dégueulasse. Les yeux pétés par l'alcool et les drogues tirent ta peau blafarde qui se retourne presque ; on lit sous ta peau les horreurs de ton âme. Petite trainée ramassée un soir où j'avais une rude envie de me vider - et où j'avais assez bu pour ne pas remarquer ta laideur.

Pourtant, on doit t'le dire souvent.
T'es belle ... (forcément, j'sais plus ton nom).
T'es bonne...
Franchement, j'comprend pas pourquoi tu ne trouves pas de mec. T'es mignonne, intelligente, blablabla.

Ouais on doit souvent te sortir ce baratin que tu balaies d'un geste de la main ; comme pour te convaincre que tu n'y croies pas. Mais j'suis sûr, tes yeux pétillent de fierté à chaque fois.
C'est triste.
Triste que tu sois tombée sur moi.
Parce que j'vais te bouffer pauvre conne. Pas foutue de respecter ma bibliothèque quand on baise.
Un livre ça se ramasse ; mais tu dois tellement être habituée à laisser tomber ta petite culotte, que t'es pas foutue de savoir te baisser - sauf en ouvrant la bouche. Catin moderne.

***

L'autre jour, Dane m'dit, le visage dans la fumée et les pensées embrouillées : J'vois bien ce que t'essaies de faire p'tit con ! Tu veux que j'redevienne comme avant ; un salopard dévergondé. Tu vas p'tet y arriver, mais avec moi y'a aucun challenge. Pas comme ma soeur. J'parie que t'arriverais même pas à la tirer de ses bureaux. Ses yeux roulent et sa tête jette sa mâchoire en arrière ; complètement torché, ses pensées ont mouillé ses mots.
Mais moi, j'ai rien oublié.

C'était quoi son prénom à sa soeur déjà ?
Lila ?
J'crois pas.
J'me souviens de sa tignasse blonde. De ses dents et sa peau.
Laura ?
Gamine qui se la joue grande avant l'heure, toujours les sourcils froncés et les iris tristes.
Louisa.
Oui Louisa oui c'est toi, toi que je vais tirer bien au fond. Là où je vis - là où chacun se meurt ; là où tu vas retrouver toutes tes peurs. Louisa et son confort idyllique - tu sais, ma p'tite, j'ai beau t'avoir vu que quelques fois, j'ai déjà remarqué que t'as besoin d'être secouée. Embrasée par les maux passants de ta vie que t'as certainement dû essayer d'éviter en embrassant tes nombres.

Louisa t'as clairement l'air chiante.
Chiante à mourir.

***

Tu sais Louisa.
T'es qu'une salope.

T'as tout foutu en l'air,
J'suis dézingué,
Détraqué.
J'croyais avoir enfin trouvé un moyen pour oublier, mais t'as tout ravivé.

J'ai le coeur qui crie et les remords à la gorge.
Pourtant avant j'm'en voulais pas.
D'aller baiser alors que l'autre s'en mourrait.
Mais maintenant, je m'écrase. Un éclat dégueulasse de sentimentalisme que tu m'as enfoncé dans la poitrine sans aucune raison - si ce n'est que t'es vraiment trop chiante. Emmerdante au possible. Avec ta face qui s'essaie à la réflexion alors que j'vois bien tes cuisses mouiller.

Louisa t'es qu'une grosse conne.
Alors je vais gagner ce pari, puis te jeter. Comme je l'ai fait avec les autres. C'était facile, c'est toujours facile ; parce que rien n'a d'importance. Tu vas disparaître de ma vie et je vais te remplacer, par une gonzesse mieux proportionnée - puis moins bavarde.

Louisa t'es pas foutue de lire entre les lignes, j'suis certain.
Tant mieux parce qu'il ne coule rien sur ces lettres si ce n'est de la colère.
Car je te haïs, sale pute.
Louisa,
Louisa,

Ton nom chante tous les soirs et j'arrive plus à dormir.
Louisa rends moi mon sommeil ; peut-être qu'en échange, tu seras pardonnée.