(kiss my lips, buy my silence)

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(kiss my lips, buy my silence)
w/ lou & hestia ♡
Quand Monsieur Reyes évoqua la nécessité de se rendre au newport landing whale watching pour récupérer un dossier oublié sur le bureau, Hestia proposa de s'y rendre. Elle avait besoin de prendre un peu l'air, l'ambiance de ce repas de famille n'ayant pas été au beau fixe. Le moindre prétexte pour quitter la maison fut donc le bienvenu, et la jeune femme se leva avant que quiconque ne décide d'y aller à sa place. L'air extérieur lui fit le plus grand bien. Les mains enfoncées dans les poches de sa jupe, Hestia parcourut les quelques rues qui la séparaient du Newport landing whale watching et son néon azur représentant une baleine, qui n'était d'aucune utilité. Elle décida de traîner un peu sur les quais pour profiter de l'air marin. C'est alors qu'elle aperçut une silhouette se découper dans les ténèbres, sur l'un de leurs bateaux. Il faisait nuit noire, impossible de voir de qui il s'agissait. C'était sûrement un voleur, ou quelque chose du genre. Son cœur se mit à battre à une vitesse folle : il fallait qu'elle fasse quelque chose. Ses doigts se refermèrent autour de son téléphone portable sur lequel elle alluma la lampe de poche. Courageusement, les jambes tremblantes, elle s'approcha du bateau et franchit le pont de ferraille. Chacun de ses pas provoquait un bruit métallique pas du tout discret. Le voleur ou l'inconnu l'avait déjà sûrement entendue. Alors pour donner le change, elle lança : – Montrez-vous, je sais que vous êtes là ! Je vous préviens, je suis armée ! C'est mon bateau, vous n'avez rien à faire là! Sa voix n'était pas assurée, mais Hestia était déterminée. C'était sûrement l'idée la plus débile qu'elle ait eue de toute sa vie. Elle n'était pas armée et ne ferait pas le poids face à un homme. Pourquoi diable n'avait-elle pas appelé ses parents ou la police ? Elle regrettait déjà d'être montée sur ce foutu bateau. Ça pouvait aussi être l'un de ces malades du lobby écolo qui en voulait à ses parents. Et s'il la prenait en otage ? La terreur lui serrait les entrailles. Jamais plus elle ne jouerait les héroïnes.

C'est une idée stupide d'être sur ce bateau, Lou le sait bien. Il n'a aucun droit d'être là, mais il a trop bu et il en a envie. Bouteille de bière à la main, il regarde le ciel et ses merveilleuses étoiles assis sur l'un des bancs en fer, en commentant à voix haute ce qu'il observe. Lou n'est pas souvent dans cet état, lui qui d'ordinaire reste si froid et mesuré. Mais ce soir, ses filles sont chez sa sœur et il a le week-end pour lui, ce qui est plutôt rare. Ce week-end, Lou ne se refuse rien. C'est alors que des bruits de pas l'arrachent à sa complète hébétude. Prudent, Lou se lève en abandonnant sa bouteille sur le banc et sa main se porte au couteau qu'il garde dans la poche de sa veste. Entendre une voix de jeune fille terrifiée le rassure, le fait même sourire. Elle apparaît à ses côtés, ne l'a pas vu venir. Alors Lou – qui ne craint rien ni personne, et surtout pas un petit gabarit comme le sien, son métier oblige, se glisse derrière elle et pose sa main sur sa bouche. « Ne crie pas, sinon je serai obligé de te tuer. » Il la relâche précautionneusement et attend qu'elle se retourne pour esquisser un grand sourire. Lou lève les mains (après avoir rangé son couteau) et continue : « Je rigole. Je suis désolé. » La pauvre ne semble pas vraiment rassurée. Lou prend le temps de la détailler des pieds à la tête. Elle est jolie, loin des clichés de beauté des filles qu'il séduit la plupart du temps. Elle est belle, naturelle, et la forme de ses sourcils inquiets lui confère un air adorable. Et cette bouche, quelle bouche ! « Je voulais un endroit calme pour boire, je suis monté sur le bateau par hasard. Regarde, ma bouteille est là. Je promets de partir sans faire d'histoires. » ajouta Lou d'une voix irrégulière. Il est ivre mais cherche à garder une certaine contenance. Ce serait idiot de s'humilier devant une jolie fille. C'est pourtant ce qu'il fait en titubant. Lou se retient de justesse au mur et se tord le poignet. L'homme grimace en soupirant. En réalité, il n'est pas certain de réussir à partir d'ici en vie. Comment franchir le pont du bateau sans tomber à la flotte, dans ces conditions ? Il n'a aucune envie de mourir noyé, pas aussi jeune. « Au fait, moi c'est Lou. Et toi belle bouche, c'est quoi ton nom ? Tu dois être une fille Reyes si ce bateau t'appartient. Un sacré matos, cette affaire. » souffle-t-il en se laissant glisser contre le mur pour s'asseoir par terre. Lou serre son poignet dans sa main libre. Cette sensation est vraiment désagréable. Il se promet intérieurement de ne plus jamais recommencer à boire de cette manière. C'est contre-productif et tout à fait stupide.