song of my demons (pan)

Mon histoire ? Fais pas chier. Arrache-toi de là. Dégage. Avant que je t’éclate.

Personne a jamais voulu l’entendre mon histoire. Parce que tout le monde croit la connaître. Ils diront « Pan ? C’est qu’une mauvaise herbe, un mec du binks parmi les autres. Pas assez fou pour être craint, pas assez gentil pour être plaint. Il mérite ce qui arrive. »

Qu’est-ce qui arrive ? Fais pas chier. Arrache-toi de là. Dégage. Avant que je t’éclate.

Une balle ça traverse facilement un crâne, c’est fou. Puis c’est net, j’veux dire, il est propre le trou. Puis le sang, c’est beau le sang, genre un beau rouge. Non sérieux, elle aurait pas été dégueu cette scène, si ça avait pas été mon frère.

J’en ai 5 autres des frères, tous numérotés. C’est propre, net, carré. Tous numérotés comme moi, Six. Faut dire que notre père, le mathématicien, il aime bien les chiffres. Parce que dans les mathématiques, tout marche bien, tout est où ça doit être. Pas comme le mort, le numéro sept. Il a toujours été anormal, déviant, non binaire, sale comme une glaire sur le goudron. Ses yeux se perdait sur les fesses des hommes, ce con. Moi je l’aimais hein, j’ai essayé de le remettre dans le droit chemin. Je suis sûr que c’est une maladie, quoi qu’ils en disent.

Moi un connard ? Fais pas chier. Arrache-toi de là. Dégage. Avant que je t’éclate.

C’est pas ma faute à moi, on m’a toujours répété ça « les pédés c’est des malades ». Mais pas mon frère, pas Hassan. Il était fort, intelligent, pas malade. C’était comme un enfant perdu dans le noir. Moi, je voulais être la lumière, mais des fois la lumière aux yeux, ça fait mal. On lui a tous dit, toute la famille. Bon, y’avait des moqueries mais c’était pour rire. Il a pas compris. Le coup de feu a retenti.

Parler de moi ? Fais pas chier. Arrache-toi de là. Dégage. Avant que je t’éclate.

Moi je parle pas, je frappe. J’aime pas, je baise. Enfin, c’est ça depuis les yeux de braises.

J’ai toujours étais un grand corps discret. Etonnant disent-ils ? J’ai jamais voulu exister. Pas mourir, attention. Le suicide c’est pour les cons. Hassan, il était pas con ; enfin bon. En classe à côté de la fenêtre, à la maison dans les jupes de ma mère. Ma principale qualité ? Savoir me taire.

Pourtant j’ai toujours fait du bruit, en musique. Des fois j’écris des rimes, des fois des do ré mi. J’ai le son dans le sang. Mon PC comme instrument je rends les pixels bruyants.

Puis y’a cette fille, qui me regarde depuis petite. La seule à voir l’invisible, à voir mon sourire. Mais je restais loin d’elle, je savais que ses yeux de braises deviendraient yeux de baise. En grandissant, elle voulait des frissons et les mauvais garçons. Pourtant elle me lâchait pas, moi le mec qu’on voit pas.

Un jour m’a dit « Je suis à toi, je suis ta chienne, à ton cœur je m’enchaîne. » et elle m’a transformé, au moins dans l’intimité. C’est de l’amour, mais pas beau, des ordres et elle obéit. Elle aime être soumise, aime que je la domine. Elle m’a perverti, fait de moi un maître impie.

Nous malades ? Fais pas chier. Arrache-toi de là. Dégage. Avant que je t’éclate.